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Culture Musique

«Images and Words», premier acte du théâtre des rêves

Entre prouesse instrumentale, démarche artistique hardie et textes d’une poésie qui ne dit pas son nom… L’album «Images and Words» s’apparente bel et bien à l’incipit de l’œuvre magistrale de Dream Theater.

Une première (et inégalable) pierre à l’édifice du métal progressif. Avec «Images and Words», Dream Theater a offert ce qui est devenu une référence en la matière. Les cinq américains ont pioché çà et là dans tous les genres pour en extraire la substantifique moelle, celle qui fait opérer la magie au gré des huit titres de l’opus. Loin de se cantonner aux sons heavy, aux basses et autres double-pédales propres au métal, ils se sont aventuré sur des terrains déroutants parfois, audacieux toujours : funk, jazz, sons électro, les clivages du genre musical s’en retrouvent dépourvus de sens. La guitare électrique et ses riffs – exécutés avec virtuosité par un John Petrucci en passe de devenir l’un des meilleurs guitaristes contemporains – avoisinent des thèmes plus expérimentaux qui ne laissent pas indifférents. Et ce dès la première seconde : Pull me Under ouvre le bal avec un crescendo qui vous prend au cou, jusqu’à exploser avec les premières notes incisées par la voix pourtant chaude de Labrie. Ils nous forcent à la ressentir, cette urgence, celle d’un monde qui va trop vite, qui remplit nos esprits jusqu’à déborder, à coups de claviers perçants et structures rythmiques imprévisibles. Loin d’un “théâtre des rêves”, la tension ne désemplit pas dans cette atmosphère mi-onirique mi-obscure où les cauchemars offrent un sommeil agité. En témoigne la fin du premier titre qui ne présage rien de bon, avec une coupure nette comme un dernier souffle. L’angoisse, latente, plane dans tous les actes de cette aventure nocturne où les “ombres liquides étouffent [les] cris” assènent-ils dans Under a Glass Moon. Entre prouesse instrumentale, démarche artistique hardie et textes d’une poésie qui ne dit pas son nom… L’album s’apparente bel et bien à l’incipit de l’œuvre magistrale du groupe. Et on en achève l’écoute la tête pleine de leurs images et de leurs mots.

Louise Lucas.

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Féminisme Musique

Agressions sexuelles : et si vous changiez de disque ?


En cette rentrée 2020 explosive à bien des égards, la dénommée chanson “Balance ton quoi” d’Angèle ne cesse de faire écho. Et pour cause, la naissance du mouvement #MusicToo : après le monde du cinéma, du sport, c’est au tour de celui de l’industrie musicale d’être secoué par cette vague de prises de parole sur la question des violences sexistes et sexuelles. 

En cette rentrée 2020 explosive à bien des égards, la dénommée chanson “Balance ton quoi” d’Angèle ne cesse de faire écho. En septembre 2020, son frère, le rappeur Roméo Elvis était accusé d’agression sexuelle par une jeune femme sur les réseaux sociaux. Ce témoignage, encouragé par le hashtag #BalanceTonRappeur a annoncé les prémices d’un mouvement bien plus large, #MusicToo : après le monde du cinéma, du sport, au tour de l’industrie musicale d’être secoué par cette vague de prises de parole sur la question des violences sexistes et sexuelles. 

La France s’est indignée, soulevée, mobilisée contre ce fléau qui touche 553 000 femmes par an ! “Arrête ton féminisme à deux balles et vas tenir ton frère”.“Balance ton frère”, “Va falloir balancer le frérot maintenant pour rester crédible”, “Alors ? tu dénigres toujours la présomption d’innocence maintenant que ton frère est dans la sauce ?”.

Un soutien abyssal a donc été apporté sur les réseaux sociaux à sa soeur, la chanteuse Angèle, féministe engagée qui osait dénoncer une réalité nauséabonde à travers ses textes. Et bien évidemment, on exempte l’agresseur pour se ruer sur une femme de son entourage, à croire qu’elle est responsable des agissements sexistes de celui-ci.

Le patriarcat nous collerait-il à la peau ? Nous mènerait-il à la baguette ? Quoi qu’il advienne, les hommes au pouvoir ne bougent pas un orteil.

Échafauder des excuses instables et fallacieuses, ça ne compte pas. “J’ai pris conscience d’avoir utilisé mes mains de manière inappropriée sur quelqu’un” euphémisait Roméo Elvis sur son compte Instagram. Peut-être aurait-il pu écrire en description : tuto pour prétendre ne pas être un agresseur ou encore redorer son image quand on a agressé pour les nuls.

Le secteur musical est tout chamboulé face à ces femmes qui refusent de demeurer subalternes et s’abaisser face à ces hommes dits “féministes parce que c’est cool”.

Les femmes vous voient. Elles vous voient agresser, rabaisser, dénigrer, manipuler, dominer. Et si vous changiez de disque ?

Louise Lucas.