Catégories
Culture Musique

«Images and Words», premier acte du théâtre des rêves

Entre prouesse instrumentale, démarche artistique hardie et textes d’une poésie qui ne dit pas son nom… L’album «Images and Words» s’apparente bel et bien à l’incipit de l’œuvre magistrale de Dream Theater.

Une première (et inégalable) pierre à l’édifice du métal progressif. Avec «Images and Words», Dream Theater a offert ce qui est devenu une référence en la matière. Les cinq américains ont pioché çà et là dans tous les genres pour en extraire la substantifique moelle, celle qui fait opérer la magie au gré des huit titres de l’opus. Loin de se cantonner aux sons heavy, aux basses et autres double-pédales propres au métal, ils se sont aventuré sur des terrains déroutants parfois, audacieux toujours : funk, jazz, sons électro, les clivages du genre musical s’en retrouvent dépourvus de sens. La guitare électrique et ses riffs – exécutés avec virtuosité par un John Petrucci en passe de devenir l’un des meilleurs guitaristes contemporains – avoisinent des thèmes plus expérimentaux qui ne laissent pas indifférents. Et ce dès la première seconde : Pull me Under ouvre le bal avec un crescendo qui vous prend au cou, jusqu’à exploser avec les premières notes incisées par la voix pourtant chaude de Labrie. Ils nous forcent à la ressentir, cette urgence, celle d’un monde qui va trop vite, qui remplit nos esprits jusqu’à déborder, à coups de claviers perçants et structures rythmiques imprévisibles. Loin d’un “théâtre des rêves”, la tension ne désemplit pas dans cette atmosphère mi-onirique mi-obscure où les cauchemars offrent un sommeil agité. En témoigne la fin du premier titre qui ne présage rien de bon, avec une coupure nette comme un dernier souffle. L’angoisse, latente, plane dans tous les actes de cette aventure nocturne où les “ombres liquides étouffent [les] cris” assènent-ils dans Under a Glass Moon. Entre prouesse instrumentale, démarche artistique hardie et textes d’une poésie qui ne dit pas son nom… L’album s’apparente bel et bien à l’incipit de l’œuvre magistrale du groupe. Et on en achève l’écoute la tête pleine de leurs images et de leurs mots.

Louise Lucas.

Par Louise Lucas

Je suis Louise Lucas, journaliste en formation à l’IEJ Paris et disciple de Virginia Woolf. Parisienne de cœur, je suis aussi fascinée que répugnée par l’ambivalence de cette contrée où la beauté avoisine les odeurs d’urine. Dans la vie, j’aime la littérature féministe, réfléchir profusément, chanter sur scène (ou dans ma cuisine) et effectuer des positions improbables plus communément appelées yoga. Le journalisme que je souhaite défendre a trait à dénoncer tous les types de discriminations (sexisme, racisme, validisme et autres fléaux en isme), avec chaque jour mon mantra en ligne de mire : rester aux antipodes de Pascal Praud.

Laisser un commentaire